Cabaret Urbain du 21 juin - La sécurité des usagers vulnérables

« L’intensité du débat public auquel on assiste […] témoigne du fait que la solution la plus adéquate pour assurer la sécurité des cyclistes et piétons qui fréquentent le Parc du Mont-Royal n’est pas facile à trouver. Le rapport de police indiquait d’ailleurs que trois collisions avec blessés entre des véhicules et des vélos ont été répertoriées au même endroit depuis 2015.

Le débat porte essentiellement sur deux points : la possibilité pour les conducteurs de véhicules automobiles de faire des virages en U malgré l’interdiction de le faire et l’utilisation de la Voie Camilien-Houde (et du chemin Remembrance) comme voie de transit pour les véhicules traversant le Parc du Mont-Royal de l’ouest vers l’est et vice versa. »

Dans son rapport sur les causes et circonstances du décès de Clément Ouimet, publié cette semaine, le coroner Jean Brochu se garde bien de prendre parti dans le vif débat qui a cours sur la meilleure façon d’améliorer la sécurité des usagers vulnérables.

Le problème de la sécurité des cyclistes et des piétons en ville est abondamment documenté et les solutions sont connues depuis des années.

Ce soir au Cabaret urbain, on se penche sur cet enjeu qui demeure d’une actualité criante, alors que deux nouveaux décès sont survenus dans la dernière semaine à Montréal. Pour commencer, on offre la carte blanche cette semaine à la militante cycliste et journaliste indépendante Gabrielle Anctil. Ensuite, on s’entretient avec le Dr Patrick Morency, spécialiste en sécurité des usagers de la route à la Direction de la santé publique de Montréal.


Mais-Éphémérides du 21 juin

Parce que le passé est souvent un miroir qui nous renvoie un reflet du présent qu’on préférerait ne pas regarder en face, c’est l’heure du segment historique des MAIS-phémérides en ce 21 juin.

On commence avec l’une des tranches les plus sombres de l’histoire judiciaire montréalaise.

Le 21 juin 1734Marie-Joseph Angélique est mise à mort à Montréal. Soupçonnée d’avoir mis le feu à la résidence de sa maîtresse en tentant de s’échapper, cette esclave noire d’origine portugaise a été accusée de l’incendie criminel qui aurait été à l’origine du feu qui a détruit le quartier des marchands le 10 avril 1734. Fait à noter, la Nouvelle-France pratique encore à l’époque une justice moyenâgeuse et c’est un tribunal inquisitoire qui la déclare coupable et la condamne à mort. Le jour de son exécution, elle est torturée avec des brodequins, un instrument de torture médiéval qui broie les jambes, utilisé pour soutirer des aveux. Comme de fait, c’est sous la torture qu’elle avoue finalement avoir déclenché l’incendie après, avoir nié tout au long de son procès.

Avant de la pendre sur la potence, puis de la brûler au bûcher — pour un crime qu’elle n’a peut-être jamais commis — on parade l’esclave condamnée à travers les rues de Montréal dans une charrette à déchets jusqu’au portail de la Basilique Notre-Dame.

Le 21 juin 1788, la constitution des États-Unis d’Amérique entre en vigueur. Le 13e amendement qui abolit l’esclavage et la servitude involontaire — sauf en tant que punition pour un crime — n’entrera en vigueur qu’un siècle plus tard, en 1865. Bien que la Déclaration d’indépendance de 1776 indiquait que « tous les hommes sont créés égaux » et qu’ils sont doués « de certains droits inaliénables » parmi lesquels se trouvent « la vie, la liberté et la recherche du bonheur », les Afro-Américains seront privés de droits civils jusqu’à la fin des années 1960, tout comme les femmes qui n’obtiendront le droit de vote qu’en août 1920.

Le 21 juin 1908, une manifestation des suffragettes réunit 250 000 femmes à Hyde Park, à Londres, pour demander le droit de vote des femmes qu’elles obtiendront vingt ans plus tard, en 1928.

Le 21 juin 1919, après cinq semaines de grève générale à Winnipeg, la police à cheval du Nord-Ouest tire dans la foule, faisant deux morts et 30 blessés. Chargée d’assurer le maintien de l’ordre pendant les premières de colonisation de l’Ouest canadien, la police montée, qui deviendra en 1920 la Gendarmerie royale du Canada, a joué un rôle central dans la répression de la rébellion du Nord-Ouest, notamment, et a été forcée de s’excuser, en 2012, pour son rôle dans le maintien du régime des pensionnats autochtones. Alors que le monde s’indigne de la politique de séparation des familles migrantes aux États-Unis, rappelons que le gouvernement canadien a pratiqué pendant plus d’un siècle une politique systématique de séparation des enfants autochtones dans le but avoué d’éradiquer les langues et les cultures des premières nations.


C’est bien sûr un pur hasard que les derniers pensionnats aient été fermés en 1996, l’année où le 21 juin a été décrété Journée nationale des peuples autochtones au Canada sur recommandation de la Commission royale sur les peuples autochtones.

Cabaret Urbain du 14 juin 2018 - Ville intelligente, ville artificielle?

« Les fusions et acquisitions d’entreprises liées à l’intelligence artificielle ont été 26 fois plus grandes en 2017 qu’en 2015. Et la progression des capacités ne cesse d’étonner : en matière de reconnaissance d’images par exemple, le taux d’erreurs serait passé à moins de 3 % en 2017, contre 29 % au début de la décennie.

Les économistes sont généralement enthousiastes à l’égard des perspectives de l’IA pour la croissance économique… Plusieurs croient que l’IA et d’autres formes d’automatisation avancées, incluant robots et capteurs, peuvent être pensées comme une technologie d’usage général, qui permet quantité d’autres innovations conduisant ultimement à une croissance de la productivité. Toutefois, si cette théorie est exacte, se pose alors la question de savoir pourquoi, en dépit des récents progrès technologiques rapides en IA, il n’y a pas (encore) de gains correspondants en productivité. »

C’est ce que rapportait cette semaine l’Agence Science-Presse dans un article intitulé, « Impact économique de l’intelligence artificielle : on cherche encore ».

Pour cette première édition du Cabaret urbain depuis le Virage sur le site du futur Campus Mil de l’Université de Montréal, on se penche sur les promesses et les périls de l’intelligence artificielle dans nos vies et dans nos villes.

Pour en parler, on reçoit la journaliste et chroniqueure techno Catherine Mathys. Et question de rester dans le thème, on offre la carte blanche de cette semaine au photojournaliste indépendant Adil Boukind, qui signait les photos du reportage « Montréal, cerveau de l’intelligence artificielle », paru récemment dans le magazine économique français Les Échos Weekend.




MAIS-phémérides du 14 juin

Alors que les néonazis s’affichent de plus en plus ouvertement en ligne, mais aussi parfois en personne, ici même à Montréal, rappelons que c’est le 14 juin 1940 que les nazis débutent l’extermination de prisonniers au camp d’Auschwitz Birkenau. Plus d’un million de personnes auront perdu la vie dans les chambres à gaz d’Auschwitz.

Parmi les rescapés de la folie meurtrière nazie, mentionnons un nom qui passera à l’histoire ici au Canada comme pionnier de l’avortement et militant pro-choix. 

Juif d’origine polonaise, Henry Morgentaler, aura survécu au ghetto de LŁódzź et aux camps de concentration d’Auschwitz et de Dachau, avant d’étudier la médecine en Allemagne, en Belgique, puis au Canada. Diplômé de l’Université de Montréal, Morgentaler sera l’un des premiers médecins canadiens à pratiquer ouvertement des avortements illégaux dès 1968, soit vingt ans avant la décriminalisation de l’interruption volontaire de grossesse.

Et puisqu’on est en 1968, soulignons l’anniversaire de décès de Rirette Maitrejean, survenu le 14 juin 1968.

Née en 1887 dans la campagne du Limousin, Anna Henriette Estorges deviendra une militante libertaire à Paris au début du 20e siècle.

Blessée par des tirs policiers lors d’une manifestation prosyndicale en 1908, Rirette Maitrejean connaît des ennuis avec la justice, notamment en raison de son association par alliance avec les membres de la bande à Bonnet, un groupe anarcho-criminel qui multiplie les braquages et les meurtres en 1911 et 1912.

Après avoir collaboré à diverses publications anarchistes parisiennes, Rirette Maitrejean se trouve un emploi de correctrice de presse syndiquée en 1923 au Paris-Soir. En 1945, elle se joint à l’équipe de Libération, où travaille un certain Albert Camus avec qui elle se lie d’amitié.

C’est d’ailleurs elle qui sensibilisera Camus à l’anarchisme, dont la vie et l’œuvre, tant comme journaliste que comme écrivain, seront marquées par un humanisme libertaire, refusant à la fois le dogmatisme et l’apathie.

*

Faisons un grand bond dans l’histoire, pour arriver le 14 juin 2000, alors que le président sud-coréen Kim Dae-Jung et le dictateur nord-coréen Kim Jong-Il s’engagent sur la voie de la réunification de la péninsule coréenne. Force est de constater que, 18 ans plus tard, beaucoup de chemin reste à faire.

Enfin, terminons avec une nouvelle beaucoup plus récente. Le 14 juin 2006, Alstom annonce avoir décroché un contrat pour la construction d’une première ligne de tramway à Alger, un demi-siècle après le démantèlement du réseau algérien à la fin des années 1950.


Cette semaine, Radio-Canada nous apprenait que les employés d’Alstom en Inde, qui fabriqueront les 212 voitures du futur train léger du REM, seront payés autour de 2 $ l’heure en moyenne, soit environ 10 fois moins que les employés d’Alstom au Québec.

Cabaret Urbain du 7 juin - En direct à CISM

« Il nous apparait clair que l’ancrage local des militant.e.s et des organisations - [leur] ancrage dans un territoire qui a une histoire et des aspirations qui dépassent la somme de volontés individuelles - ainsi que la coalition dans la diversité permettent d’expliquer [la] victoire politique [que représente la réappropriation collective du Bâtiment 7 à Pointe-Saint-Charles]. La coalition dans la diversité est impossible sans la confiance mutuelle et si le dogmatisme est présent chez l’un ou l’autre des acteurs. Reconnaître que l’allié est forcément différent et que le but n’est pas d’imposer ses propres vues, mais plutôt de définir les différentes vues, pas si éloignées les unes des autres, peut créer un acteur collectif plus fort, capable de répondre à un plus grand nombre de situations et de défis.» 

Voici l’une des leçons tirées d’un essai paru il y a 5 ans aux éditions Écosociété et laconiquement intitulé : Bâtiment 7. Victoire populaire à Pointe-Saint-Charles.

Ce soir au Cabaret urbain, on plongera dans l’histoire d'une longue lutte pour l’appropriation populaire d’anciens immeubles du CN dans le Sud Ouest pour poser un regard nouveau sur le processus de « requalificaiton » de l’ancienne gare de triage Outremont du Canadien Pacifique, où l’Université de Montréal développe son nouveau campus.

Contrairement à ce qui était prévu et annoncé, c’est depuis les studios de CISM à Côte-des-Neiges que je vous livre cette émission.

Je vous retrouverai la semaine prochaine sur le site du Virage, d’où le Cabaret Urbain sera présenté en direct devant public le jeudi à 19h jusqu’à la fin de l'été.


On inaugure quand même la saison officielle du Cabaret Urbain ce soir avec, entre autres choses, une carte blanche à la « scrapbookeuse subversive » Sara Hébert. 
MAIS-phémérides du 7 juin C’est le retour du segment historique des MAIS-phémérides, des éphémérides militantes, artistiques, industrielles ou scientifiques destinées à éclairer le présent des reflets d’un passé parfois oublié. On commence avec une bribe d’histoire ferroviaire européenne. Le 7 juin 1826 une ordonnance royale concède à la compagnie des frère Camille et Marc Seguin, la construction d'une ligne de chemin de fer entre Saint-Étienne et Lyon. Il s’agit de la première ligne construite en Europe continentale, et comme pour certaines lignes construites à la même époque au Canada, l’aventure se soldera par un fiasco financier. Fait amusant, les trains qui circulent sur cette voie sont à traction chevaline et servent au transport... du charbon! Alors que la Belgique voisine inaugure sous l’égide du secteur public la première ligne de chemin de fer à vapeur en mai 1835, la France attendra plus d’un siècle avant de nationaliser les chemins de fer avec la création de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), le 1er janvier 1938. Deux ans plus tôt, le 7 juin 1936, le patronat français et la Confédération générale du travail, dans laquelle les cheminots français en mènent large, signent les accords de Matignon qui consacrent le droit syndical et instituent la semaine de 40 heures et les congés payés. Le 7 juin 1914, la police tire sur la foule lors d'une manifestation à Ancône en Italie, faisant trois morts. Près d’un siècle plus tard, un jeune manifestant italien du nom de Carlo Giuliani sera abattu à bout portant par la police dans le cadre de manoeuvres de répression brutale des manifestations contre le G8 à Gênes. Le 7 juin 1968, dans la foulée des mobilisations étudiantes de mai 68, les CRS tentent d’évacuer de force les grévistes et les étudiants qui occupent l'usine Renault de Flins. Trois jours plus tard, le militant étudiant Gilles Tautin mourra noyé dans la Seine en tentant d'échapper à une charge policière aux abords de l'usine à Flins. Plus près de chez nous, le 7 juin 2012, on assiste à une première grande MaNUfestation contre le Grand prix de Formule 1 de Montréal. Parallèlement à cette action politico-ludique que n’auraient pas renié les jeunes révoltés de mai 68, la Convergence des luttes anticapitalistes organise une action de perturbation au cocktail d'ouverture du Grand Prix. Le SPVM procède à l’arrestation de 37 personnes ce soir là. Si personne n’est décédé pendant les troubles du Printemps érables, plusieurs victimes de violences policières sont passées à un cheveu, ou à un oeil, de la mort. Pour terminer dans un tout autre registre, le 7 juin 2017 une équipe de paléoanthropologues repousse de près de 100 000 ans l’ancienneté de notre espèce, homo sapiens, en analysant des fossiles découverts sur le site de Djebel Irhoud au Maroc.

Virée un virage (partie 3) - Cabaret urbain du 31 mai 2018

Pour cette dernière émission avant le début de la saison en direct sur le site du Virage, je vous propose une émission toute en musique ou presque.

Vous trouverez la liste complète des pièces diffusées ce soir sur le cism893.ca. Vous trouverez également sur le site de CISM les archives de l’émission, incluant un reportage en deux parties sur les enjeux urbains liés à l’implantation du nouveau campus de l’Université de Montréal.

Après avoir diffusé ce reportage sonore long format ces deux dernières semaines, je vous inviterai à vous dans mettre l’ambiance du Virage en vous partageant un court récit, rédigé l’an dernier lors d’un événement tenu sur les lieux.

En vous plongeant dans la mémoire d’un événement artistico-culinaire produit en août dernier par La Serre Arts Vivants dans le cadre de la série des Possible, j’espère vous donner un petit avant goût de qui vous attend sur le site du Virage à compter de la semaine prochaine.

Le segment historique des MAIS-phémérides fait relâche cette semaine pour mieux vous revenir la semaine prochaine.


À compter de la semaine prochaine, nous reviendrons à un format magasine plus proche de ce que vous avez pu entendre lors de la première de l’émission le 10 mai, avec des chroniques et des entrevues sur les enjeux urbains d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

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