Cabaret urbain du 10 juillet - La ville en bleu

« L’urbanisation représente une menace majeure pour la biodiversité, favorisant généralement une homogénéisation des communautés floristiques. Cette menace est d’autant plus grande dans les milieux riverains où les communautés sont à la fois perturbées par les activités humaines environnantes [et] par la gestion des niveaux d’eau des rivières. La canalisation des eaux de pluie vers le réseau de drainage artificiel est aussi une menace importante pour ces habitats dont la dynamique dépend de la présence d’eau.

[…]

L’urbanisation a également induit une différenciation taxonomique et fonctionnelle de la flore [qui] s’explique par l’assèchement des marécages les plus urbanisés favorisant ainsi l’établissement d’espèces terrestres. »

La botaniste Stéphanie Pellerin s’est penchée sur l’impact de l’urbanisation sur la flore riveraine montréalaise dans une étude de l’Institut de recherche en biologie végétale sur la Diversité floristique des marécages riverains, dont un résumé a été publié sur le site Biopolis.

Les milieux humides riverains sont des habitats naturels importants, mais sont aussi des lieux prisés pour le développement immobilier. On estime que plus de 85 % des milieux humides ont disparu dans la grande région métropolitaine depuis le début de la colonisation. Et les débats sur la protection des ces écosystèmes fragiles ne cessent de rebondir dans l’actualité.


Au Cabaret urbain, on se penche ce soir sur la question de la préservation de la biodiversité des milieux riverains et sur les impacts de la gestion de l’eau sur la faune et la flore urbaine. Pour en parler on reçoit notamment Ariane Marchand de la ZIP Jacques Cartier et Pascale Rouillé, présidente co-fondatrice des ateliers UBLO et membre de l'Alliance Ruelles Bleues-Vertes.

MAIS-phémérides du 12 juillet

Le 12 juillet 1836, le chemin de fer Champlain et Saint-Laurent entre en service. Premier chemin de fer au Canada, il relie le fleuve Saint-Laurent et le Lac Champlain, entre  Laprairie et Saint-Jean-sur-le-Richelieu.

Destiné à faciliter le transport entre Montréal et New York, le chemin de fer Champlain et Saint-Laurent sera surtout utilisé par les plaisanciers qui souhaitent faire une excursion sur les rives du Richelieu, à deux heures Montréal.

Le succès fulgurant de ce service ferroviaire local sera la bougie d'allumage du développement du rail au Canada. La Champlain & St. Lawrence Railroad Company prolongera sa ligne jusqu’à Rouses Point dans l’État de New York en 1851, puis jusqu’à Saint-Lambert en 1852. Elle deviendra en 1857 la Montreal & Champlain, qui sera achetée à son tour par le Grand Tronc en 1872 puis intégrée au CN en 1923.

C’est ainsi que les petits réseaux de train locaux seront progressivement intégrés au réseau transcontinental qui verra le jour à la fin du 19e siècle.


Jusqu’à la construction du pont victoria en 1860, les trains de la rive-sud ne pouvaient pas entrer sur l’Île de Montréal. Par la suite, les compagnies ferroviaires devaient payer des droits pour emprunter le pont propriété de la compagnie du Grand Tronc. En 1880, la Quebec, Montreal, Ottawa and Occidental Railway réussit donc l’exploit de faire passer un train sur la glace entre Longueuil et Hochelaga. Fort de ce succès, elle réessayera l’année suivante, mais le train la locomotive dérailla et brisa la glace... 

Cabaret Urbain du 21 juin - La sécurité des usagers vulnérables

« L’intensité du débat public auquel on assiste […] témoigne du fait que la solution la plus adéquate pour assurer la sécurité des cyclistes et piétons qui fréquentent le Parc du Mont-Royal n’est pas facile à trouver. Le rapport de police indiquait d’ailleurs que trois collisions avec blessés entre des véhicules et des vélos ont été répertoriées au même endroit depuis 2015.

Le débat porte essentiellement sur deux points : la possibilité pour les conducteurs de véhicules automobiles de faire des virages en U malgré l’interdiction de le faire et l’utilisation de la Voie Camilien-Houde (et du chemin Remembrance) comme voie de transit pour les véhicules traversant le Parc du Mont-Royal de l’ouest vers l’est et vice versa. »

Dans son rapport sur les causes et circonstances du décès de Clément Ouimet, publié cette semaine, le coroner Jean Brochu se garde bien de prendre parti dans le vif débat qui a cours sur la meilleure façon d’améliorer la sécurité des usagers vulnérables.

Le problème de la sécurité des cyclistes et des piétons en ville est abondamment documenté et les solutions sont connues depuis des années.

Ce soir au Cabaret urbain, on se penche sur cet enjeu qui demeure d’une actualité criante, alors que deux nouveaux décès sont survenus dans la dernière semaine à Montréal. Pour commencer, on offre la carte blanche cette semaine à la militante cycliste et journaliste indépendante Gabrielle Anctil. Ensuite, on s’entretient avec le Dr Patrick Morency, spécialiste en sécurité des usagers de la route à la Direction de la santé publique de Montréal.


Mais-Éphémérides du 21 juin

Parce que le passé est souvent un miroir qui nous renvoie un reflet du présent qu’on préférerait ne pas regarder en face, c’est l’heure du segment historique des MAIS-phémérides en ce 21 juin.

On commence avec l’une des tranches les plus sombres de l’histoire judiciaire montréalaise.

Le 21 juin 1734Marie-Joseph Angélique est mise à mort à Montréal. Soupçonnée d’avoir mis le feu à la résidence de sa maîtresse en tentant de s’échapper, cette esclave noire d’origine portugaise a été accusée de l’incendie criminel qui aurait été à l’origine du feu qui a détruit le quartier des marchands le 10 avril 1734. Fait à noter, la Nouvelle-France pratique encore à l’époque une justice moyenâgeuse et c’est un tribunal inquisitoire qui la déclare coupable et la condamne à mort. Le jour de son exécution, elle est torturée avec des brodequins, un instrument de torture médiéval qui broie les jambes, utilisé pour soutirer des aveux. Comme de fait, c’est sous la torture qu’elle avoue finalement avoir déclenché l’incendie après, avoir nié tout au long de son procès.

Avant de la pendre sur la potence, puis de la brûler au bûcher — pour un crime qu’elle n’a peut-être jamais commis — on parade l’esclave condamnée à travers les rues de Montréal dans une charrette à déchets jusqu’au portail de la Basilique Notre-Dame.

Le 21 juin 1788, la constitution des États-Unis d’Amérique entre en vigueur. Le 13e amendement qui abolit l’esclavage et la servitude involontaire — sauf en tant que punition pour un crime — n’entrera en vigueur qu’un siècle plus tard, en 1865. Bien que la Déclaration d’indépendance de 1776 indiquait que « tous les hommes sont créés égaux » et qu’ils sont doués « de certains droits inaliénables » parmi lesquels se trouvent « la vie, la liberté et la recherche du bonheur », les Afro-Américains seront privés de droits civils jusqu’à la fin des années 1960, tout comme les femmes qui n’obtiendront le droit de vote qu’en août 1920.

Le 21 juin 1908, une manifestation des suffragettes réunit 250 000 femmes à Hyde Park, à Londres, pour demander le droit de vote des femmes qu’elles obtiendront vingt ans plus tard, en 1928.

Le 21 juin 1919, après cinq semaines de grève générale à Winnipeg, la police à cheval du Nord-Ouest tire dans la foule, faisant deux morts et 30 blessés. Chargée d’assurer le maintien de l’ordre pendant les premières de colonisation de l’Ouest canadien, la police montée, qui deviendra en 1920 la Gendarmerie royale du Canada, a joué un rôle central dans la répression de la rébellion du Nord-Ouest, notamment, et a été forcée de s’excuser, en 2012, pour son rôle dans le maintien du régime des pensionnats autochtones. Alors que le monde s’indigne de la politique de séparation des familles migrantes aux États-Unis, rappelons que le gouvernement canadien a pratiqué pendant plus d’un siècle une politique systématique de séparation des enfants autochtones dans le but avoué d’éradiquer les langues et les cultures des premières nations.


C’est bien sûr un pur hasard que les derniers pensionnats aient été fermés en 1996, l’année où le 21 juin a été décrété Journée nationale des peuples autochtones au Canada sur recommandation de la Commission royale sur les peuples autochtones.

Cabaret Urbain du 14 juin 2018 - Ville intelligente, ville artificielle?

« Les fusions et acquisitions d’entreprises liées à l’intelligence artificielle ont été 26 fois plus grandes en 2017 qu’en 2015. Et la progression des capacités ne cesse d’étonner : en matière de reconnaissance d’images par exemple, le taux d’erreurs serait passé à moins de 3 % en 2017, contre 29 % au début de la décennie.

Les économistes sont généralement enthousiastes à l’égard des perspectives de l’IA pour la croissance économique… Plusieurs croient que l’IA et d’autres formes d’automatisation avancées, incluant robots et capteurs, peuvent être pensées comme une technologie d’usage général, qui permet quantité d’autres innovations conduisant ultimement à une croissance de la productivité. Toutefois, si cette théorie est exacte, se pose alors la question de savoir pourquoi, en dépit des récents progrès technologiques rapides en IA, il n’y a pas (encore) de gains correspondants en productivité. »

C’est ce que rapportait cette semaine l’Agence Science-Presse dans un article intitulé, « Impact économique de l’intelligence artificielle : on cherche encore ».

Pour cette première édition du Cabaret urbain depuis le Virage sur le site du futur Campus Mil de l’Université de Montréal, on se penche sur les promesses et les périls de l’intelligence artificielle dans nos vies et dans nos villes.

Pour en parler, on reçoit la journaliste et chroniqueure techno Catherine Mathys. Et question de rester dans le thème, on offre la carte blanche de cette semaine au photojournaliste indépendant Adil Boukind, qui signait les photos du reportage « Montréal, cerveau de l’intelligence artificielle », paru récemment dans le magazine économique français Les Échos Weekend.




MAIS-phémérides du 14 juin

Alors que les néonazis s’affichent de plus en plus ouvertement en ligne, mais aussi parfois en personne, ici même à Montréal, rappelons que c’est le 14 juin 1940 que les nazis débutent l’extermination de prisonniers au camp d’Auschwitz Birkenau. Plus d’un million de personnes auront perdu la vie dans les chambres à gaz d’Auschwitz.

Parmi les rescapés de la folie meurtrière nazie, mentionnons un nom qui passera à l’histoire ici au Canada comme pionnier de l’avortement et militant pro-choix. 

Juif d’origine polonaise, Henry Morgentaler, aura survécu au ghetto de LŁódzź et aux camps de concentration d’Auschwitz et de Dachau, avant d’étudier la médecine en Allemagne, en Belgique, puis au Canada. Diplômé de l’Université de Montréal, Morgentaler sera l’un des premiers médecins canadiens à pratiquer ouvertement des avortements illégaux dès 1968, soit vingt ans avant la décriminalisation de l’interruption volontaire de grossesse.

Et puisqu’on est en 1968, soulignons l’anniversaire de décès de Rirette Maitrejean, survenu le 14 juin 1968.

Née en 1887 dans la campagne du Limousin, Anna Henriette Estorges deviendra une militante libertaire à Paris au début du 20e siècle.

Blessée par des tirs policiers lors d’une manifestation prosyndicale en 1908, Rirette Maitrejean connaît des ennuis avec la justice, notamment en raison de son association par alliance avec les membres de la bande à Bonnet, un groupe anarcho-criminel qui multiplie les braquages et les meurtres en 1911 et 1912.

Après avoir collaboré à diverses publications anarchistes parisiennes, Rirette Maitrejean se trouve un emploi de correctrice de presse syndiquée en 1923 au Paris-Soir. En 1945, elle se joint à l’équipe de Libération, où travaille un certain Albert Camus avec qui elle se lie d’amitié.

C’est d’ailleurs elle qui sensibilisera Camus à l’anarchisme, dont la vie et l’œuvre, tant comme journaliste que comme écrivain, seront marquées par un humanisme libertaire, refusant à la fois le dogmatisme et l’apathie.

*

Faisons un grand bond dans l’histoire, pour arriver le 14 juin 2000, alors que le président sud-coréen Kim Dae-Jung et le dictateur nord-coréen Kim Jong-Il s’engagent sur la voie de la réunification de la péninsule coréenne. Force est de constater que, 18 ans plus tard, beaucoup de chemin reste à faire.

Enfin, terminons avec une nouvelle beaucoup plus récente. Le 14 juin 2006, Alstom annonce avoir décroché un contrat pour la construction d’une première ligne de tramway à Alger, un demi-siècle après le démantèlement du réseau algérien à la fin des années 1950.


Cette semaine, Radio-Canada nous apprenait que les employés d’Alstom en Inde, qui fabriqueront les 212 voitures du futur train léger du REM, seront payés autour de 2 $ l’heure en moyenne, soit environ 10 fois moins que les employés d’Alstom au Québec.

Cabaret Urbain du 7 juin - En direct à CISM

« Il nous apparait clair que l’ancrage local des militant.e.s et des organisations - [leur] ancrage dans un territoire qui a une histoire et des aspirations qui dépassent la somme de volontés individuelles - ainsi que la coalition dans la diversité permettent d’expliquer [la] victoire politique [que représente la réappropriation collective du Bâtiment 7 à Pointe-Saint-Charles]. La coalition dans la diversité est impossible sans la confiance mutuelle et si le dogmatisme est présent chez l’un ou l’autre des acteurs. Reconnaître que l’allié est forcément différent et que le but n’est pas d’imposer ses propres vues, mais plutôt de définir les différentes vues, pas si éloignées les unes des autres, peut créer un acteur collectif plus fort, capable de répondre à un plus grand nombre de situations et de défis.» 

Voici l’une des leçons tirées d’un essai paru il y a 5 ans aux éditions Écosociété et laconiquement intitulé : Bâtiment 7. Victoire populaire à Pointe-Saint-Charles.

Ce soir au Cabaret urbain, on plongera dans l’histoire d'une longue lutte pour l’appropriation populaire d’anciens immeubles du CN dans le Sud Ouest pour poser un regard nouveau sur le processus de « requalificaiton » de l’ancienne gare de triage Outremont du Canadien Pacifique, où l’Université de Montréal développe son nouveau campus.

Contrairement à ce qui était prévu et annoncé, c’est depuis les studios de CISM à Côte-des-Neiges que je vous livre cette émission.

Je vous retrouverai la semaine prochaine sur le site du Virage, d’où le Cabaret Urbain sera présenté en direct devant public le jeudi à 19h jusqu’à la fin de l'été.


On inaugure quand même la saison officielle du Cabaret Urbain ce soir avec, entre autres choses, une carte blanche à la « scrapbookeuse subversive » Sara Hébert. 
MAIS-phémérides du 7 juin C’est le retour du segment historique des MAIS-phémérides, des éphémérides militantes, artistiques, industrielles ou scientifiques destinées à éclairer le présent des reflets d’un passé parfois oublié. On commence avec une bribe d’histoire ferroviaire européenne. Le 7 juin 1826 une ordonnance royale concède à la compagnie des frère Camille et Marc Seguin, la construction d'une ligne de chemin de fer entre Saint-Étienne et Lyon. Il s’agit de la première ligne construite en Europe continentale, et comme pour certaines lignes construites à la même époque au Canada, l’aventure se soldera par un fiasco financier. Fait amusant, les trains qui circulent sur cette voie sont à traction chevaline et servent au transport... du charbon! Alors que la Belgique voisine inaugure sous l’égide du secteur public la première ligne de chemin de fer à vapeur en mai 1835, la France attendra plus d’un siècle avant de nationaliser les chemins de fer avec la création de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), le 1er janvier 1938. Deux ans plus tôt, le 7 juin 1936, le patronat français et la Confédération générale du travail, dans laquelle les cheminots français en mènent large, signent les accords de Matignon qui consacrent le droit syndical et instituent la semaine de 40 heures et les congés payés. Le 7 juin 1914, la police tire sur la foule lors d'une manifestation à Ancône en Italie, faisant trois morts. Près d’un siècle plus tard, un jeune manifestant italien du nom de Carlo Giuliani sera abattu à bout portant par la police dans le cadre de manoeuvres de répression brutale des manifestations contre le G8 à Gênes. Le 7 juin 1968, dans la foulée des mobilisations étudiantes de mai 68, les CRS tentent d’évacuer de force les grévistes et les étudiants qui occupent l'usine Renault de Flins. Trois jours plus tard, le militant étudiant Gilles Tautin mourra noyé dans la Seine en tentant d'échapper à une charge policière aux abords de l'usine à Flins. Plus près de chez nous, le 7 juin 2012, on assiste à une première grande MaNUfestation contre le Grand prix de Formule 1 de Montréal. Parallèlement à cette action politico-ludique que n’auraient pas renié les jeunes révoltés de mai 68, la Convergence des luttes anticapitalistes organise une action de perturbation au cocktail d'ouverture du Grand Prix. Le SPVM procède à l’arrestation de 37 personnes ce soir là. Si personne n’est décédé pendant les troubles du Printemps érables, plusieurs victimes de violences policières sont passées à un cheveu, ou à un oeil, de la mort. Pour terminer dans un tout autre registre, le 7 juin 2017 une équipe de paléoanthropologues repousse de près de 100 000 ans l’ancienneté de notre espèce, homo sapiens, en analysant des fossiles découverts sur le site de Djebel Irhoud au Maroc.

Virée un virage (partie 3) - Cabaret urbain du 31 mai 2018

Pour cette dernière émission avant le début de la saison en direct sur le site du Virage, je vous propose une émission toute en musique ou presque.

Vous trouverez la liste complète des pièces diffusées ce soir sur le cism893.ca. Vous trouverez également sur le site de CISM les archives de l’émission, incluant un reportage en deux parties sur les enjeux urbains liés à l’implantation du nouveau campus de l’Université de Montréal.

Après avoir diffusé ce reportage sonore long format ces deux dernières semaines, je vous inviterai à vous dans mettre l’ambiance du Virage en vous partageant un court récit, rédigé l’an dernier lors d’un événement tenu sur les lieux.

En vous plongeant dans la mémoire d’un événement artistico-culinaire produit en août dernier par La Serre Arts Vivants dans le cadre de la série des Possible, j’espère vous donner un petit avant goût de qui vous attend sur le site du Virage à compter de la semaine prochaine.

Le segment historique des MAIS-phémérides fait relâche cette semaine pour mieux vous revenir la semaine prochaine.


À compter de la semaine prochaine, nous reviendrons à un format magasine plus proche de ce que vous avez pu entendre lors de la première de l’émission le 10 mai, avec des chroniques et des entrevues sur les enjeux urbains d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Une virée au virage (partie 2) - Cabaret Urbain du 24 mai 2018

Je vous livre ce soir à la deuxième partie d'un reportage sur les enjeux urbains liés à l’implantation du nouveau campus de l’université de Montréal sur l’ancienne gare de triage Outremont.

Les extraits que vous entendrez dans le reportage sonore ont été enregistré lors d’une cabane à sucre urbaine le 12 avril dernier sur le site du Virage au 6700, du Rocher.

Pour vous mettre dans l’ambiance des réjouissance printanières dans lequel je vais vous plonger avec le reportage, tire d’érable et danse en ligne à l'appui, c’est avec un rhume carabiné que j’enregistre cette émission. Je compte bien retrouver la forme et la voix d’ici le 7 juin.

Si vous ne situez pas tout à fait les lieux, il vous reste encore deux semaines pour trouver ça sur la carte. Cherchez un grand trou dans le centre nord de l’Île de Montréal, entre les arrondissements d’Outremont, de Parc-Extension et de Rosemont La Petite-Patrie et regardez à l’extrémité est vers l’avenue du Parc. L’entrée du site du Virage se trouve à l’angle des rues Du Rocher et Atlantic. 

On se retrouve là pour le début de la saison en direct depuis le site du Virage du Cabaret Urbain dans deux semaines.

Pour ré-écouter la première partie du reportage, diffusée la semaine dernière, rendez-vous sur le cism893.ca. Vous trouverez également sur le site de CISM la liste des pièces diffusées aujourd’hui et un lien vers les carnets de l’émission.



MAIS-phémérides du 24 mai

Parce que le site du Virage où je vous retrouverai à compter du 7 juin est intimement lié à l’histoire ferroviaire, on commence le 24 mai 1963, alors que le CN met en service son nouveau train voyageurs transcontinental Panorama. 

On se souviendra que la ligne qui de Saint-Jérôme, qui passe à quelque mètre d’ici, a été inaugurées quelques années avant la mise en service de la ligne transcontinentale du Canadien Pacifique.

Pour la petite histoire, la construction du chemin de fer National Transcontinental du Canada a été un fiasco financier total qui a contribué à la chute du gouvernement libéral de Wilfrid Laurier.

Fruit d’une collusion entre des entrepreneurs ferroviaires et des hommes politiques du début du XXe siècle, le projet donne lieu à des dépassements de coûts titanesques. Déficitaire dès sa mise en service, le National Transcontinental sera fusionné à d’autres compagnies ferroviaires en difficultés financières pour créer le Canadien national en 1918.

*

Parce que nous sommes sur le site du futur campus de l’Université de Montréal, pourquoi ne pas faire une petit détour par l’histoire de mai 68, qui rappelons-le avait commencé sur les campus universitaires parisiens.

Le 24 mai 1968, Charles de Gaulle propose un référendum pour faire baisser la tension. Le référendum n'aura jamais lieu, et ce n’est que quelques mois plus tard que des élections générales achèveront de mettre fin aux mobilisations qui commencent à s'essouffler, comme lors d’un certain printemps érable…

Toujours le 24 mai 1918, des émeutiers de mai 68 mettent le feu au palais Brogniart où loge la bourse de Paris.

*

Revenons aux éphémérides des transports, c’est le 24 mai 1930 qu’est inauguré le pont du Havre, à Montréal, qui va devenir plus tard le pont Jacques-Cartier.

Fait amusant, le moderne pont Champlain, construit 15 ans plus tard en 1955, a déjà atteint la fin de sa vie utile, alors que les ponts plus anciens, comme les pont Victoria et Jacques-Cartier, ou encore le pont de Québec, survivent remarquablement bien à l’épreuve du temps.

Comme quoi le choix des gouvernements de privilégier au sortir de la deuxième guerre mondiale les infrastructures automobiles, faites principalement de béton et d’asphalte, était peut-être un choix bien mal avisé…

Le fait est que infrastructures ferroviaires, en acier, sont beaucoup plus durable. La preuve, c’est que l'une des premières lignes de chemin de fer aux États-Unis, la Baltimore and Ohio Railroad  a été ouverte le 24 mai 1830 et a été en opération jusqu’en 1986!

*

Après avoir souligné anecdotiquement la semaine dernière l’anniversaire de fondation de Montréal, du 17 mai 1642, revenons un peu à l’histoire coloniale.

Rappelons que c’est le 24 mai 1603 que Samuel de Champlain débarque à Tadoussac lors de son premier voyage dans le Saint-Laurent. Nous sommes à l’aube de la colonisation des Amériques.

Quelques années plus tôt, le 24 mai 1625 (ou 1624 ou 1626, les sources divergent!), un colon hollandais du nom de Peter Minuit achètait aux Algonquins, l'île de Manhattan, en échange dit-on de marchandises d'une valeur de 24 dollars… Il y fondra la Nouvelle-Amsterdam qui sera conquise pas les Anglais en 1664 et rebaptisée New York.

Pour terminer, allons-y d'une éphéméride scientifique : c’est le 24 mai 1543 que trépassait l'astronome polonais Nicolas Copernic, né en 1473.

C’est entre autres a Copernic que l’on doit d'avoir développé et défendu la théorie selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse. Le thèse de l’héliocentrisme, qui sera reprise un siècle plus tard par Galilée, ne faisait pas l’affaire de l'Église catholique. Condamné par le tribunal de l’Inquisition, Galilée a d’ailleurs été forcé à se rétracter.  Autre temps, autre moeurs, à l’époque les condamnés qui refusaient de se rétracter étaient souvent envoyés au bûcher. 

Une virée au virage (partie 1) - Cabaret Urbain du 17 mai 2018

Je vous invite ce soir à me suivre dans un reportage en immersion sur le site du Virage, où je vous retrouverai en direct à compter du 7 juin.

D’ici là, je vous propose de vous mettre dans l’ambiance du Cabaret Urbain en parcourant avec moi ce site mystérieux, situé à l’extrémité ouest de l’ancienne garde triage Outremont, où s’implantera bientôt le campus MIL de l'Université de Montréal.

Les extraits que vous entendrez dans ce reportage ont été enregistrés lors d’une « cabane à sucre urbaine» qui a eu lieu au Virage le 12 avril.

Imaginez que vous êtes avec moi sur cette friche industrielle, enclavées entre deux voies de chemin de fer, en marge d’un grand chantier qui dévore l’un des derniers terrains vacants au centre de l’île de Montréal.

À l’horizon, des grues immenses se penchent sur un pavillon universitaire en construction, tandis que des ouvriers s’activent dans les entrailles de ce qui deviendra un pôle de savoir destiné à nourrir les esprits avides de connaissances de la génération montante. Devant vous se dressent les installations hétéroclites du Virage, où trône des structures formée de conteneurs modifiés.


Un peu en retrait, vous apercevez l’étrange pyramide du MONT RÉÉL – une expérience de design collectif éphémère évoquant le mont Royal qui se profile au loin. Vous marchez entre les rangs d'un improbable jardin maraîcher, arraché au gravier de l’ancienne emprise ferroviaire, et ceux d’un jardin floral où butineront bientôt des abeilles et où virevolteront des papillons. Derrière vous, s'étend une pépinière, comme la promesse d’une nature urbaine prête à reprendre ses droits sur la ville.


MAIS-phémérides du 17 mai


Et puisque qu’on parle d’histoire ferroviaire, profitons-en pour y aller des MAIS-phémérides de la semaine, en ce 17 mai, qui marque par ailleurs l’anniversaire de fondation de Montréal, en 1642.

Pour rester dans l’histoire ferroviaire, soulignons que c’est le 17 mai 1908 que débute l'exploitation de locomotives électriques par le CN dans le tunnel St. Clair reliant Sarnia, en Ontario, et Port Huron, au Michigan. Ce rappel est ironique, puisqu’on sait que l’avènement du Réseau électrique métropolitain rendra définitivement caduc le projet d’électrification de la ligne de Saint-Jérôme pour la faire passer dans le tunnel du mont Royal jusqu’à la gare Centrale.

C’est par ailleurs le 17 mai 1953 cette fois, que le CN inaugure une voie de déviation de 64 kilomètres sur sa ligne principale entre Montréal et Toronto, en raison de la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent. Ce n’est pas anodin, car la construction de la voie maritime marque la fin de la vie utile des canaux, comme le canal de Lachine qui a été l’épine dorsale de la première révolution industrielle du Canada. Il faut aussi souligner qu’après avoir été largement subventionné par le gouvernement fédéral à ses débuts, le développement du réseau ferroviaire canadien s’est rapidement essoufflé. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, c’est le réseau autoroutier qui va devenir la nouvelle infrastructure chouchou des gouvernements, avec le résultat que l’on connait.


L’Encyclopédie canadienne rapporte que les dépenses gouvernement fédéral dans les infrastructures automobiles passeront de 103,5 millions de dollars en 1946 à 1,5 milliard de dollars en 1966, puis à 4,5 milliards de dollars en 1986!

Explorer la ville - Première édition du Cabaret Urbain 10 mai 2018

C’est avec grand plaisir que je vous offre cette première édition du Cabaret Urbain, un magasine hebdomadaire de réflexion sur la ville d’hier, d’aujourd’hui et de demain qui explorera les enjeux urbains du 21e siècle.

Reprenant le format éprouvé de MAIS, l’émission, Le Cabaret Urbain est une production du Montréal Ville en Mouvement. À compter du 7 juin, l’émission sera diffusée en direct depuis le Virage, un site situé en bordure de l’ancienne gare de triage Outremont où l’Université de Montréal développe son nouveau campus.

Pour cette première édition, réalisée depuis les studios de CISM à Côte-des-Neiges, je vous propose de mettre la table pour une réflexion sur la ville que nous avons et sur celle que nous voulons.

Les villes comptent actuellement pour un peu plus de 50 % des quelque 7,5 milliards d’humains qui peuplent la planète. D’ici la fin du siècle, les villes abriteront environ 80 % d’une population mondiale de 11 milliards d’individus.


Parce que les défis qui se posent sont aussi colossaux qu’urgents. Les impacts sociaux, environnementaux et économiques de la grande urbanisation à venir se répercuteront sur tous les grands enjeux de l’heure. De la transition énergétique aux changements climatiques.  Des inégalités socioéconomiques, à  la sécurité alimentaire, en passant par l’approvisionnement en eau potable et la gestion des matières résiduelles. De l’innovation sociale et technologique à la participation démocratique, l’avenir du monde se joue en grande partie dans les villes.



MAIS-phémérides du 10 mai
 
L'arrivée en ondes du Cabaret Urbain marque le retour des MAIS-phémérides, ces éphémérides militantes, artistiques, industrielles ou scientifiques qui nous rappellent que le présent est plus souvent qu’autrement le reflet d’un passé, proche ou lointain, dont on a oublié de tirer les leçons.

Le 10 mai 1933, les Nazi organisent un grand autodafé devant l'opéra de Berlin. Ce jour-là. les nazis brûlent sur la place publique quelque 25 000 livres d'auteurs interdits. En quelques années, les nazis passeront de ce type de violence symbolique, ciblant notamment les juifs et les communistes, à une violence extrême qui coûtera la vie à des millions des personnes.

Comme quoi, pour paraphraser le philosophe Karl Poppler, une société tolérante ne peut tolérer l’intolérance, même sur le plan symbolique.

Il y a donc de quoi s’inquiéter de voir des suprémacistes blancs s’afficher de plus en plus ouvertement ici à Montréal : qu’on pense à cet homme qui a déployé un drapeau nazi sur un toit à Parc-Extension le 1er mai, aux graffitis glorifiant les leaders xénophobes de l’alt-right qui sont apparus sur le Plateau cette semaine ou au montréalais Gabriel Sohier Chaput, alias Zeiger, qui a été démasqué récemment comme étant un influent membre de la nébuleuse néo-nazie nord-américaine sur Internet.
*

On parle beaucoup ces jours-ci des événements de Mai 68 en France, mais on oublie que l’événement à l'origine du déclenchement des troubles est la tenue annoncée d’un rassemblement du mouvement d’extrême droite Occident sur le campus de la faculté de Nanterre. La rencontre du 3 mai donne lieu à une confrontation violente entre les militants d’Occident, les jeunesses communistes et la police.

Une semaine plus tard, le 10 mai 1968, après une grande manifestation en journée, des protestataires de gauche dressent des dizaines barricades dans le Quartier Latin. À deux heures du matin, plus de 6000 policiers donnent l’assaut et interpellent plus de 450 personnes.

Par un curieux hasard, c’est ce soir là que Léo Ferré chante pour la première fois sa chanson Les Anarchistes, qui est devenue, au corps défendant de Ferré, un espèce d’hymne anarchiste.

C’est tout pour les MAIS-phémérides de cette semaine. La suite au prochaine épisode, parce que si l’histoire se répète parfois, c’est peut-être parce qu’on n’écoute pas ce qu’elle nous dit.



De retour à CISM pour la saison d'été 2018!


À compter du 10 mai, Le Cabaret Urbain de MAIS, l’émission proposera un magasine hebdomadaire de réflexion sur la ville d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Le Cabaret Urbain sera réalisé dans le cadre de la programmation estivale du Virage MTLReprenant le format éprouvé de MAIS, l’émission, l’émission se penchera sur les enjeux urbains contemporains (transports, aménagement, habitation, emploi, énergie, environnement, etc.) les problèmes locaux dans une perspective globale et les problèmes globaux dans une perspective locale, suivant une approche de journalisme critique axé sur les solutions. 

Plus de nouvelles suivront!

Nombre total de pages vues