Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), celle-ci se définit comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. » Rien de moins. À ce compte là, on peut affirmer que personne n'a jamais été pleinement en santé! Et si l'on peut toujours aller mieux, est-ce alors dire que le rôle de la médecine ne serait pas exclusivement de remédier aux maux et aux déficiences du corps ou de l'esprit, mais bien plus de créer les conditions individuelles et collectives du bien-être humain et ce, tant sur le plan physiologique que psycho-social?
Laissons de côté,
voulez-vous, cette question rhétorique et attardons-nous plutôt à
une question plus pragmatique : par où commencer pour apporter
plus dans santé dans le monde? On peut chercher une piste de réponse
dans l'éthique de la permaculture, dont les trois principes
élémentaires sont : 1) prendre soin de la terre, 2) prendre
soin de l'humain et 3) partager équitablement.
Prendre soin la terre,
d'abord, car c'est elle qui supporte notre développement : sans
écosystème en santé, il n'y a plus de nourriture saine ni d'eau
potable. Face à la dégradation croissante de nos milieux de vies
locaux et de l'environnement global, il n'y a aucune liste d'attente
qui puisse contenir l'urgence écologique contemporaine. Prendre soin
de la terre n'est ni plus ni moins qu'une question de survie de
l'espèce.
Ensuite, prendre soin de
l'humain, c'est-à-dire s'occuper et se préoccuper de soi-même et
de ses proches afin de cultiver l'autonomie et la responsabilité
face au bien-être personnel et général. Les relations humaines
sont l'essence même de la vie sociale, la société n'étant rien
d'autre que le produit d'interactions entre des individus. À
l'indifférence, l'individualisme, l'utilitarisme qui caractérisent
nos modèles de relations interpersonnelles actuels, il faut
substituer la considération, la solidarité, l'altruisme. Un
changement de paradigme relationnel est nécessaire pour construire
une société cohésive et intègre qui pourra assurer la protection
sociale de toutes les populations contre les risques naturels et
sociaux, accentués par des siècles de négligence environnementale
et d'injustice culturelle, économique et politique.
Ce qui nous amène,
enfin, au dernier principe (et non le moindre) : partager
équitablement. L'idée d'une croissance infinie dans un monde fini
relève d'une dangereuse utopie, radicale et extrémiste, que seuls
une classe politique guidée par les intérêts absurdes de marchés
détraqués peut encore défendre aujourd'hui. Il en résulte une
triple crise écologique, financière et politique qui ne peut se
résoudre que par une révolution économique complète qui remettra
la production et la consommation en phase avec la distribution et
l'utilisation des ressources sur la planète. Au final, tout un
chacun aura sa juste part ou personne n'aura plus rien du tout.
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Si l'année 2012 devait
marquer la fin du monde, ce sera peut-être la fin du monde tel que
l'on connaît : malade et infirme. Ceci dit, le patient n'est
être pas encore entièrement perdu. Avons-nous encore une chance de
le guérir?