Une virée au virage (partie 2) - Cabaret Urbain du 24 mai 2018

Je vous livre ce soir à la deuxième partie d'un reportage sur les enjeux urbains liés à l’implantation du nouveau campus de l’université de Montréal sur l’ancienne gare de triage Outremont.

Les extraits que vous entendrez dans le reportage sonore ont été enregistré lors d’une cabane à sucre urbaine le 12 avril dernier sur le site du Virage au 6700, du Rocher.

Pour vous mettre dans l’ambiance des réjouissance printanières dans lequel je vais vous plonger avec le reportage, tire d’érable et danse en ligne à l'appui, c’est avec un rhume carabiné que j’enregistre cette émission. Je compte bien retrouver la forme et la voix d’ici le 7 juin.

Si vous ne situez pas tout à fait les lieux, il vous reste encore deux semaines pour trouver ça sur la carte. Cherchez un grand trou dans le centre nord de l’Île de Montréal, entre les arrondissements d’Outremont, de Parc-Extension et de Rosemont La Petite-Patrie et regardez à l’extrémité est vers l’avenue du Parc. L’entrée du site du Virage se trouve à l’angle des rues Du Rocher et Atlantic. 

On se retrouve là pour le début de la saison en direct depuis le site du Virage du Cabaret Urbain dans deux semaines.

Pour ré-écouter la première partie du reportage, diffusée la semaine dernière, rendez-vous sur le cism893.ca. Vous trouverez également sur le site de CISM la liste des pièces diffusées aujourd’hui et un lien vers les carnets de l’émission.



MAIS-phémérides du 24 mai

Parce que le site du Virage où je vous retrouverai à compter du 7 juin est intimement lié à l’histoire ferroviaire, on commence le 24 mai 1963, alors que le CN met en service son nouveau train voyageurs transcontinental Panorama. 

On se souviendra que la ligne qui de Saint-Jérôme, qui passe à quelque mètre d’ici, a été inaugurées quelques années avant la mise en service de la ligne transcontinentale du Canadien Pacifique.

Pour la petite histoire, la construction du chemin de fer National Transcontinental du Canada a été un fiasco financier total qui a contribué à la chute du gouvernement libéral de Wilfrid Laurier.

Fruit d’une collusion entre des entrepreneurs ferroviaires et des hommes politiques du début du XXe siècle, le projet donne lieu à des dépassements de coûts titanesques. Déficitaire dès sa mise en service, le National Transcontinental sera fusionné à d’autres compagnies ferroviaires en difficultés financières pour créer le Canadien national en 1918.

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Parce que nous sommes sur le site du futur campus de l’Université de Montréal, pourquoi ne pas faire une petit détour par l’histoire de mai 68, qui rappelons-le avait commencé sur les campus universitaires parisiens.

Le 24 mai 1968, Charles de Gaulle propose un référendum pour faire baisser la tension. Le référendum n'aura jamais lieu, et ce n’est que quelques mois plus tard que des élections générales achèveront de mettre fin aux mobilisations qui commencent à s'essouffler, comme lors d’un certain printemps érable…

Toujours le 24 mai 1918, des émeutiers de mai 68 mettent le feu au palais Brogniart où loge la bourse de Paris.

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Revenons aux éphémérides des transports, c’est le 24 mai 1930 qu’est inauguré le pont du Havre, à Montréal, qui va devenir plus tard le pont Jacques-Cartier.

Fait amusant, le moderne pont Champlain, construit 15 ans plus tard en 1955, a déjà atteint la fin de sa vie utile, alors que les ponts plus anciens, comme les pont Victoria et Jacques-Cartier, ou encore le pont de Québec, survivent remarquablement bien à l’épreuve du temps.

Comme quoi le choix des gouvernements de privilégier au sortir de la deuxième guerre mondiale les infrastructures automobiles, faites principalement de béton et d’asphalte, était peut-être un choix bien mal avisé…

Le fait est que infrastructures ferroviaires, en acier, sont beaucoup plus durable. La preuve, c’est que l'une des premières lignes de chemin de fer aux États-Unis, la Baltimore and Ohio Railroad  a été ouverte le 24 mai 1830 et a été en opération jusqu’en 1986!

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Après avoir souligné anecdotiquement la semaine dernière l’anniversaire de fondation de Montréal, du 17 mai 1642, revenons un peu à l’histoire coloniale.

Rappelons que c’est le 24 mai 1603 que Samuel de Champlain débarque à Tadoussac lors de son premier voyage dans le Saint-Laurent. Nous sommes à l’aube de la colonisation des Amériques.

Quelques années plus tôt, le 24 mai 1625 (ou 1624 ou 1626, les sources divergent!), un colon hollandais du nom de Peter Minuit achètait aux Algonquins, l'île de Manhattan, en échange dit-on de marchandises d'une valeur de 24 dollars… Il y fondra la Nouvelle-Amsterdam qui sera conquise pas les Anglais en 1664 et rebaptisée New York.

Pour terminer, allons-y d'une éphéméride scientifique : c’est le 24 mai 1543 que trépassait l'astronome polonais Nicolas Copernic, né en 1473.

C’est entre autres a Copernic que l’on doit d'avoir développé et défendu la théorie selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse. Le thèse de l’héliocentrisme, qui sera reprise un siècle plus tard par Galilée, ne faisait pas l’affaire de l'Église catholique. Condamné par le tribunal de l’Inquisition, Galilée a d’ailleurs été forcé à se rétracter.  Autre temps, autre moeurs, à l’époque les condamnés qui refusaient de se rétracter étaient souvent envoyés au bûcher. 

Une virée au virage (partie 1) - Cabaret Urbain du 17 mai 2018

Je vous invite ce soir à me suivre dans un reportage en immersion sur le site du Virage, où je vous retrouverai en direct à compter du 7 juin.

D’ici là, je vous propose de vous mettre dans l’ambiance du Cabaret Urbain en parcourant avec moi ce site mystérieux, situé à l’extrémité ouest de l’ancienne garde triage Outremont, où s’implantera bientôt le campus MIL de l'Université de Montréal.

Les extraits que vous entendrez dans ce reportage ont été enregistrés lors d’une « cabane à sucre urbaine» qui a eu lieu au Virage le 12 avril.

Imaginez que vous êtes avec moi sur cette friche industrielle, enclavées entre deux voies de chemin de fer, en marge d’un grand chantier qui dévore l’un des derniers terrains vacants au centre de l’île de Montréal.

À l’horizon, des grues immenses se penchent sur un pavillon universitaire en construction, tandis que des ouvriers s’activent dans les entrailles de ce qui deviendra un pôle de savoir destiné à nourrir les esprits avides de connaissances de la génération montante. Devant vous se dressent les installations hétéroclites du Virage, où trône des structures formée de conteneurs modifiés.


Un peu en retrait, vous apercevez l’étrange pyramide du MONT RÉÉL – une expérience de design collectif éphémère évoquant le mont Royal qui se profile au loin. Vous marchez entre les rangs d'un improbable jardin maraîcher, arraché au gravier de l’ancienne emprise ferroviaire, et ceux d’un jardin floral où butineront bientôt des abeilles et où virevolteront des papillons. Derrière vous, s'étend une pépinière, comme la promesse d’une nature urbaine prête à reprendre ses droits sur la ville.


MAIS-phémérides du 17 mai


Et puisque qu’on parle d’histoire ferroviaire, profitons-en pour y aller des MAIS-phémérides de la semaine, en ce 17 mai, qui marque par ailleurs l’anniversaire de fondation de Montréal, en 1642.

Pour rester dans l’histoire ferroviaire, soulignons que c’est le 17 mai 1908 que débute l'exploitation de locomotives électriques par le CN dans le tunnel St. Clair reliant Sarnia, en Ontario, et Port Huron, au Michigan. Ce rappel est ironique, puisqu’on sait que l’avènement du Réseau électrique métropolitain rendra définitivement caduc le projet d’électrification de la ligne de Saint-Jérôme pour la faire passer dans le tunnel du mont Royal jusqu’à la gare Centrale.

C’est par ailleurs le 17 mai 1953 cette fois, que le CN inaugure une voie de déviation de 64 kilomètres sur sa ligne principale entre Montréal et Toronto, en raison de la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent. Ce n’est pas anodin, car la construction de la voie maritime marque la fin de la vie utile des canaux, comme le canal de Lachine qui a été l’épine dorsale de la première révolution industrielle du Canada. Il faut aussi souligner qu’après avoir été largement subventionné par le gouvernement fédéral à ses débuts, le développement du réseau ferroviaire canadien s’est rapidement essoufflé. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, c’est le réseau autoroutier qui va devenir la nouvelle infrastructure chouchou des gouvernements, avec le résultat que l’on connait.


L’Encyclopédie canadienne rapporte que les dépenses gouvernement fédéral dans les infrastructures automobiles passeront de 103,5 millions de dollars en 1946 à 1,5 milliard de dollars en 1966, puis à 4,5 milliards de dollars en 1986!

Explorer la ville - Première édition du Cabaret Urbain 10 mai 2018

C’est avec grand plaisir que je vous offre cette première édition du Cabaret Urbain, un magasine hebdomadaire de réflexion sur la ville d’hier, d’aujourd’hui et de demain qui explorera les enjeux urbains du 21e siècle.

Reprenant le format éprouvé de MAIS, l’émission, Le Cabaret Urbain est une production du Montréal Ville en Mouvement. À compter du 7 juin, l’émission sera diffusée en direct depuis le Virage, un site situé en bordure de l’ancienne gare de triage Outremont où l’Université de Montréal développe son nouveau campus.

Pour cette première édition, réalisée depuis les studios de CISM à Côte-des-Neiges, je vous propose de mettre la table pour une réflexion sur la ville que nous avons et sur celle que nous voulons.

Les villes comptent actuellement pour un peu plus de 50 % des quelque 7,5 milliards d’humains qui peuplent la planète. D’ici la fin du siècle, les villes abriteront environ 80 % d’une population mondiale de 11 milliards d’individus.


Parce que les défis qui se posent sont aussi colossaux qu’urgents. Les impacts sociaux, environnementaux et économiques de la grande urbanisation à venir se répercuteront sur tous les grands enjeux de l’heure. De la transition énergétique aux changements climatiques.  Des inégalités socioéconomiques, à  la sécurité alimentaire, en passant par l’approvisionnement en eau potable et la gestion des matières résiduelles. De l’innovation sociale et technologique à la participation démocratique, l’avenir du monde se joue en grande partie dans les villes.



MAIS-phémérides du 10 mai
 
L'arrivée en ondes du Cabaret Urbain marque le retour des MAIS-phémérides, ces éphémérides militantes, artistiques, industrielles ou scientifiques qui nous rappellent que le présent est plus souvent qu’autrement le reflet d’un passé, proche ou lointain, dont on a oublié de tirer les leçons.

Le 10 mai 1933, les Nazi organisent un grand autodafé devant l'opéra de Berlin. Ce jour-là. les nazis brûlent sur la place publique quelque 25 000 livres d'auteurs interdits. En quelques années, les nazis passeront de ce type de violence symbolique, ciblant notamment les juifs et les communistes, à une violence extrême qui coûtera la vie à des millions des personnes.

Comme quoi, pour paraphraser le philosophe Karl Poppler, une société tolérante ne peut tolérer l’intolérance, même sur le plan symbolique.

Il y a donc de quoi s’inquiéter de voir des suprémacistes blancs s’afficher de plus en plus ouvertement ici à Montréal : qu’on pense à cet homme qui a déployé un drapeau nazi sur un toit à Parc-Extension le 1er mai, aux graffitis glorifiant les leaders xénophobes de l’alt-right qui sont apparus sur le Plateau cette semaine ou au montréalais Gabriel Sohier Chaput, alias Zeiger, qui a été démasqué récemment comme étant un influent membre de la nébuleuse néo-nazie nord-américaine sur Internet.
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On parle beaucoup ces jours-ci des événements de Mai 68 en France, mais on oublie que l’événement à l'origine du déclenchement des troubles est la tenue annoncée d’un rassemblement du mouvement d’extrême droite Occident sur le campus de la faculté de Nanterre. La rencontre du 3 mai donne lieu à une confrontation violente entre les militants d’Occident, les jeunesses communistes et la police.

Une semaine plus tard, le 10 mai 1968, après une grande manifestation en journée, des protestataires de gauche dressent des dizaines barricades dans le Quartier Latin. À deux heures du matin, plus de 6000 policiers donnent l’assaut et interpellent plus de 450 personnes.

Par un curieux hasard, c’est ce soir là que Léo Ferré chante pour la première fois sa chanson Les Anarchistes, qui est devenue, au corps défendant de Ferré, un espèce d’hymne anarchiste.

C’est tout pour les MAIS-phémérides de cette semaine. La suite au prochaine épisode, parce que si l’histoire se répète parfois, c’est peut-être parce qu’on n’écoute pas ce qu’elle nous dit.



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