À la guerre comme à la guerre...

« Les désastres de la Guerre sont aussi nombreux que les victimes. Les guerres sont longues, et ont des répercussions catastrophiques sur la population et l’économie, mais aussi l’environnement. Souvent absente des médias, cette dernière problématique préoccupe de plus en plus la Communauté internationale. La protection de l’environnement en temps de guerre peut faire sourire certains. Pourtant, protéger la nature, c’est aussi protéger la population contre certaines armes chimiques, et surtout, donner une chance au pays de pouvoir se relever une fois la guerre terminée. »

C’est ainsi que s’ouvre un article intitulé « Droit international, guerre et protection de l’environnement », signé Sarah Dufournet et paru en février 2012 sur Instrat, un site d’information et d’actualité indépendante dont le slogan provocateur (« Il faut parfois une grande intelligence pour ne pas comprendre. ») est un appel à l’esprit critique qui manque trop souvent aux analystes en affaires internationales.

À l’approche du jour du souvenir, MAIS, l’émission tient à souligner la Journée internationale pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit. Pour commencer, on s’oppose à la guerre tout court avec Raymond Legault du Collectif Échec à la Guerre qui organise la quatrième campagne du coquelicot blanc au Québec. Ensuite, on réfléchit aux impacts des conflits armés sur l’environnement avec Michel-André Bouchard qui s'est penché sur la question dans la revue Développement durable et territoires et qui travaille avec le McGill-UNEP Collaborating Centre on Environmental Assessment.



Voici en prime quelques références complémentaires pour approfondir la réflexion.
Conflits armés et environnement ne font pas bon ménage, c'est le moins qu'on puisse dire.

L'inverse est également vrai : « Nous menons une guerre contre la nature. Si nous la gagnons, nous sommes perdus », comme l'affirmait l’astrophysicien et vulgarisateur scientifique Hubert Reeves en octobre 2011 lors d’une conférence prononcée à l’Université de Sherbrooke. On se souviendra que quelques mois plus tôt il parlait notamment de sécurité nucléaire et d’exploitation des énergies fossiles à MAIS, l’émission (voir « Science et démocratie : un marriage impossible? ») .

Guerre et environnement ne font semble-t-il pas un mariage beaucoup plus heureux que science et démocratie : « Les conséquences écologiques de la guerre sont omniprésentes et comprennent les fuites de gaz et de produits chimiques causées par les bombardements, l’exploitation non réglementée des ressources naturelles par les forces armées et les groupes rebelles, le gaspillage du sol et les risques pour la vie causés par les mines terrestres et d’autres munitions explosives non explosées, et la pression sur les sources d’eau, la biodiversité et les écosystèmes découlant des mouvements massifs de populations. Les nouvelles technologies et les nouvelles armes, telles que les munitions en uranium appauvri, pourraient représenter des menaces encore inconnues pour l’environnement. [...] La destruction de l’environnement est souvent une cible délibérée de la guerre, utilisée comme arme pour débiliter l’économie, affaiblir la résistance des civils et accroître la pression sur les forces gouvernementales pour qu’elles capitulent. »

Est-ce une coïncidence si c'est devant le campus de l'université McGill que se tiendra la Vigile contre la montée du militarisme, organisée par Échec è la guerre le 11 novembre prochain? Pour saisir toute l'ironie de ce hasard qui n'en est peut-être pas un, il faut lire l'article « Higher-Calibre Education? Uncovering the military applications of high-tech research at McGill University » qui s’intéresse aux usages militaires de la recherche en technologies de pointe à McGill, une enquête publiée au printemps dernier dans le magazine indépendant The Dominion, disponible en ligne sur le site web de la Media Coop.

Pour revenir au thème du jour, il vaut la peine de lire l’entrée « Environnement et opérations de la paix » du lexique en ligne du Réseau de recherche sur les opérations de la paix. Sophie Bourdon, Étudiante à la Maitrise en droit international (environnement) à Université du Québec à Montréal revient sur le cas du Libéria, « premier pays africain à bénéficier d’une aide environnementale post-conflit de la part du programme des nations unies pour l’environnement (PNUE) dans le cadre d’une opération de paix de l’ONU », au sortir de la guerre civile.

Elle note que dans la résolution créant la Mission des nations unies au Libéria (MINUL), le Conseil de sécurité fait implicitement référence à certains principes coutumiers de droit international applicables au droit international de l’environnement, mais que ces « principes ne font pas directement référence à la protection environnementale en tant que telle mais plutôt à la gestion des ressources naturelles ». Son analyse a le mérite de faire réfléchir : « Ceci est le reflet de la place importante qu’occupent les ressources naturelles (essentiellement les diamants et le bois) dans la persistance du conflit libérien. Il est donc permis de croire que l’intérêt environnemental du conseil de sécurité est ici circonstanciel et non pas le fruit d’une volonté de protection écologique à part entière. »

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